10 mois. À Paris. Pour voir si Paris bat toujours la mesure. Et comment elle battra la mesure de mes émois. Pour voir quelle chanson s'envolera dans le ciel de Paris. Pour voir si Paris s'éveille à 5 heures. Pour voir si je saurai écrire sur Paris sans chansons.

Monday, October 03, 2005

Nuit blanche sur Paris

Samedi

Jamais je n’ai eu des craintes de ce genre. Me faire attaquer aux petites heures dans des rues encore inconnues de Paris. Il était 5h30 et le petit groupe avait décidé que la soirée tirait à sa fin avec l’ouverture du métro.

J’avais marché toute la journée et n’avait utilisé qu’un seul billet de métro. J’aime marcher et ne pas utiliser plus qu’un seul billet de métro par jour.
Je voulais marcher et utiliser mes derniers billets de métro pour aller à l’école.

C’est avec réticence que Magy, une Québécoise qui connaît tout sur Paris, m’a indiqué le nord. Dans ma tête, je reculais moi aussi face à cette idée que je pouvais me retrouver face à un violeur d’yeux bridés dans la nuit. J’ai le cul immaculé et j’espère le garder ainsi.

J’ai donc décidé de prendre le premier métro avec quelques personnes. En marchant vers la Gare de St-Lazare, l’idée d’épargner ces remplaçables et derniers billets de métro de 1€ me collait obstinément à la peau. Finalement, rendu à la Place de l’Opéra, j’ai prétexté aux gens que je prendrai ce métro plutôt que le leur. Mentir pour ne pas les inquiéter.

J’ai vraiment eu peur. Une quinzaine de minutes me séparait de chez nous. Quinze longues minutes à songer à toutes ces fables urbaines où un petit bonhomme asiatique se faisait dépecer tout entier et clouer sur un mur. Mais je continuais tout de même à braver la rue, tuque à la tête pour contrer la froideur automnale, carte à la main pour avoir l’air encore plus perdu et vulnérable, envie à la vessie pour ajouter au stress, désordre dans l’estomac pour rappeler une soirée décevante, clés aux jointures pour affronter les fantômes de la nuit. Évidemment, je n’ai croisé personne à la dent longue, seulement des groupes de gens bien saouls et bien inoffensifs. N’empêche que l’inconnu fait peur quand même. Paris n’est pas mon Montréal. Je ne me suis pas encore approprié les rues, les lampadaires, la nuit, la confiance de Paris. Ça viendra.


**

La nuit blanche s’annonçait trippante. J’espérais vivre ce que des amis de Montréal ont vécu pendant l’édition montréalaise 2005. Une nuit de folie où tout était permis.

Ça débuté par un souper chez Rosalie où j’ai cuisiné au hasard un rudimentaire couscous poulet-tomates. Vachement bon et réussi, ce qui me permet de revenir à leur appartement pour cuisiner. Elle et sa coloc n’aiment pas cuisiner.

Vers 22h00, on va rejoindre dans un magnifique appartement du 1er arrondissement Magy, une de leur copine de la fac de droit à l’udm elle-aussi en échange. D’ailleurs, je me retrouverai en fin de soirée dans ce luxueux appart-à-papa entouré de 7 personnes en fac de droit.

Nous sortons, Rosalie, Florence, Van Anh, Magy et moi, affronter la nuit blanche. Nous nous étions fixés comme objectif de nous rendre jusqu’à Sacré-Cœur pour voir la basilique illuminée de couleurs-Palais-des-Congrès-de-Montréal et surtout, parce que je voulais entendre le pianiste de Jazz Gonzalès attaquer les notes de l’orgue de l’église St-Jean-de-Montmartre. Une heure de marche à prévoir.

On s’est retrouvé au musée Georges-Pompidou où on a croisé plein, plein de Québécois. Tous en droit. Dont un gars que j’avais rencontré à l’OFQJ. Il a fallu une bonne demi-heure avant de décider le plan de la nuit. Finalement, on a opté en majorité pour du McDo et du vin chez Magy. Je croyais que ce n’était qu’une pause avant de reprendre la route. Mais non. Nous avons passé le reste de la nuit à parler autour d’une table et à manger du McDo. Je n’ai jamais vraiment embarqué dans leurs discussions. Je croyais à tout instant que nous allions repartir et profiter de cette nuit. Mais non. Voilà la déception. Une nuit blanche dans un appart alors que un million de Parisiens dansaient et trippaient dehors.


**
Au ralenti.


Ça s’est passé comme dans les films. Enfin, quand j’y repense, ça s’est passé comme ça. Trente seconde avant d’entrer dans l’appartement de Magy au sixième étage d’un escalier en colimaçon, je me suis mis à gesticuler ardemment avec ma caméra numérique à la main pour raconter je-ne-sais-trop quelle niaiserie. Maladroit comme je suis, j’ai lâché la caméra de la main. Magnifique vol plané. Au ralenti. Et dans ma tête, les supplications à Dieu, litanies à la Vierge et prières au Frère André se multipliaient comme les gouttes de sueur sur ma peau. Faites, Dieu, Marie et André, que la caméra ne plonge pas dans le trou et s’écrase 6 étages plus bas… 1 étage a suffi. La parabole décrite par la caméra s’est terminée sur le cellulaire que Rosalie tenait à la main un étage plus bas. Les deux appareils ont atterri sans dommage à ses pieds, à quelques centimètres du vide, laissant derrière eux un cri de frayeur de la part de Rosalie. C’est drôle quand j’y repense. C’est toujours drôle ces choses-là.

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