10 mois. À Paris. Pour voir si Paris bat toujours la mesure. Et comment elle battra la mesure de mes émois. Pour voir quelle chanson s'envolera dans le ciel de Paris. Pour voir si Paris s'éveille à 5 heures. Pour voir si je saurai écrire sur Paris sans chansons.

Tuesday, November 22, 2005

Mes jointures


Lundi 22 novembre 2005

Chaque lundi c’est pareil. Le réveil a beau sonner à 7h30, je ne sors de mon sommeil qu’à 8h30 pour aller à mon seul cours de la journée. Et pendant toute la journée, je récupère difficilement du week-end. Je suis fatigué de nature, mais ici, à Paris, c’est encore plus marquant. Je devrais sûrement me mettre à l’exercice. Je vais m’acheter un scooter. Ha!Ha!

Aujourd’hui, c’est pareil. La fatigue ralentit tous mes gestes. Mais contrairement aux autres débuts de semaine, il n’y a pas que la fatigue que je traîne. Il y a la fatigue, des jointures blessés et le souvenir d’un téléphone portable volé.

Chez Georges, c’est une de ces places typiquement parisiennes : petit et bondé. C’est un bar à vin où on y respire la sueur des fêtards et l’humidité d’une cave. On y danse comme on peut, mais lorsque la pièce est bondée comme samedi dernier, on reste debout à regarder les couples se former, s’effleurer et danser. Ou on crie pour s’entendre parler comme n’importe où. Les filles ici ne vont pas vers les garçons. Elles sont désirées et tout le monde le sait. Je me contente de regarder parce que j'attend Emilie.

Mon veston était empilé avec d’autres manteaux dans un coin. Évidemment, il fallait que je laisse mon téléphone portable dans le veston. Je suis comme ça. Distrait et imprudent. C’est chronique… Par inattention, j’ai perdu mon lecteur MP3 dans un abri-bus à Québec quelques jours avant de partir pour Paris. J’ai perdu trois tuques l’hiver dernier. Je perds souvent la mémoire, mais ça c’est une autre chose.

À la fermeture du bar, j’ai repris mon veston et mon portable n’y était plus là. Et à partir de ce moment, je n’étais moi non plus là, complètement déconnecté de la petite gang d’amis avec qui j’avais eu bien du plaisir. Je n’étais qu’avec cette exaspération de moi-même qui me faisait rager. Pourquoi encore moi? C’est ainsi que pendant les heures suivantes, je mâchais tous les sacres bien québécois que je connaisse, pestais contre Paris et espérais retrouver ma place à Montréal.

Cette frustration me faisait oublier que mon poing droit frappait tous les poteaux-bornes sur le trottoir et frottait les murs. On a marché une vingtaine de minutes avant d’aboutir dans un autre bar, dans le coin du Panthéon. C’est là que j’ai été surpris par la violence de mes gestes. Mes jointures étaient écorchées et endolories. J’ai pu les soigner avec ma trousse de premiers soins que je garde toujours dans mon sac. C’était conseillé dans le guide de l’Office franco-québécois pour la jeunesse d’en traîner un. J’ai écouté.

Le portable, il est remplaçable. Mais je vais perdre un temps fou à récupérer les numéros de téléphones. Dont mes deux collègues d’un cours de réalisation documentaire avec qui je dois bosser. Or, à partir de cette semaine, ce cours ne se donne plus pendant un mois. Oui, oui, je vais sans doute les croiser à la fac, mais ce serait surprenant. Ne me reste qu’à espérer qu’ils m’appellent. Pour les autres numéros, ce sera une chasse au trésor.

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Paris est la ville des premières. Après l’appel à la police, voilà que je mets les pieds dans un commissariat de police pour la première fois de ma vie.
Oh mais tout comme le premier appel à la police, j’ai sans doute dû me retrouver dans un poste de police quand j’étais plus jeune avec les Ptits Criss du Mont-Royal… Ah! Ah!

Un gendarme bien aimable m’a répondu. Ça faisait contraste avec toutes ces faces de bœufs arrogants qu’ont la plupart des gendarmes, policiers, agents de sécurité du métro, etc, qu’on croise dans la rue. Les Français sont fiers, dit-on. J’ai l’impression que les « agents de la paix » parisiens le sont encore plus. Ils se pavanent avec leur uniforme, parfois avec des mitraillettes, et espèrent faire peur. Ils réussissent et ce n’est jamais agréable d’en croiser.

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Le lundi, c'est le jour où il y a le plus de déclarations de vol dans les boutiques de téléphones portables. Chez The Phone House où je suis allé, on avait reçu une dizaine de plaintes pour vol avant moi. C'est Paris. A Montréal aussi, ça doit être comme ça.

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