10 mois. À Paris. Pour voir si Paris bat toujours la mesure. Et comment elle battra la mesure de mes émois. Pour voir quelle chanson s'envolera dans le ciel de Paris. Pour voir si Paris s'éveille à 5 heures. Pour voir si je saurai écrire sur Paris sans chansons.

Tuesday, December 13, 2005

En rafale

À la manière d’un e-mail collectif de voyage

La dernière fin de semaine fut riche en moments forts. Un premier tournage, ça impressionne toujours beaucoup. D’ailleurs, il y aurait trop de choses à écrire. J’ai les images dans ma tête et bientôt quelques photos et rushes de vidéos de ce tournage.

Il n’y a pas de moyen d’être concis dans ces situations. On écrit tout parce qu’on ne veut rien oublier. Comme dans les e-mails collectifs de voyage où le temps nous empêche de travailler et de filtrer le texte.



JEUDI

La journée avait mal débuté. D’abord, elle a débuté à 11h00 alors que mon cadran devait sonner à 10h00. En fait, la radio s’est allumée à 10h00, mais le volume était éteint… Bravo. Ensuite, il y a l’eau que ne sortait ni de ma douche, ni de mon robinet et ni de la toilette… J’en étais averti par le concierge qu’il y aurait coupure d’eau entre 9h et 12h aujourd’hui, mais ça reste embêtant tout de même.

À la poste, j’ai attendu une fois pour la photocopieuse et une fois pour envoyer une lettre « recommandée avec accusé de réception ». Vingt-cinq minutes plus tard, la préposée au comptoir me tend un petit formulaire que je dois remplir. Évidemment, je devrai faire la file encore une autre fois. Fuck it. Je reviendrai une autre fois.

Pour me rendre au point de rencontre où Sébastien, régisseur général et Hugues, électricien-éclairagiste, je vais à Porte de Clichy d’où je peux faire la correspondance pour prendre le RER vers Gennevilliers… C’est normal dans ma tête. Évidemment, ce n’est pas normal. Je suis à une station de la gare de Gennevilliers quand surgit soudain une meute de contrôleurs bien décider à surprendre des fautifs. Je n’avais rien à me reprocher, j’ai ma carte imagineR (carte mensuelle de transport).

Et bien non. La malchance me poursuit trop souvent… Gennevilliers est situé dans la zone 3 alors que ma carte n’est valide que pour les zones 1 et 2. J’ai fait le numéro du gars qui ne savait pas. En fait, je n’ai pas eu à faire le numéro. Tout était vrai. J’étais vraiment sous le choc de l’incompréhension et j’avais juste envie de brailler.

Les contrôleurs sont rarement indulgents. Ils régularisent le système, me disent-ils. Résultat : amende de 25€ sur le coup. Mais étant donné que je n’avais pas 25€ sur moi, il m’ont rédigé un avis d’infraction et par conséquent, ça m’en coûtera 26€ de plus pour les frais de dossier. 51€ pour avoir dépasser deux stations de trop. C’est ridicule et désolant. Et le contrôleur de me dire : « C’est ça la vie ».

***

J’ai passé la majeure partie de mon temps à faire du GERVAIS. Gervais, c’est la job qui a occupé mes trois derniers étés. Charger et décharger les camions de trucs lourds et faire du camion, c’est-à-dire rester pris dans le trafic et attendre qu’on arrive à destination…

Ça saoule vite d’être en voiture à Paris. Les gens conduisent comme des fous, mais ici on dit qu’ils conduisent comme des cons. Pour les filles aussi on dit qu’elles conduisent comme des cons. Et non connes. J’ai appris ça. Comme plein d’autres mots dont « matos » pour matériel, « enlèvement » pour chargement du camion…

Ah oui. Une des premières tâches que m’a indiqué Sébastien, le régisseur général, c’est de lui rouler un joint pendant qu’il allait signer les bons de commande… On en a tous profité après.

Une heure plus tard, ce fut le tour de Sébastien de rouler lui-même son pétard. Hallucinant. Jamais je n’avais vu un exploit de ce genre. 15 secondes top chrono. En conduisant. Il y a des choses très insignifiantes comme ça dans la vie qui m’impressionne. J’assume.

***

350 m2 de sol à peinturer en noir. Ça s’est fait en 1h30, à quatre personnes de bonne humeur (Hugues, le producteur, la directrice de production et moi) qui se relayaient les deux rouleaux.

La pizza a été notre récompense. J’en ai pris une aux anchois. Contrairement à ce qu’on entend, c’est très bon.


VENDREDI

À 7h30, j’étais au studio à préparer la table de régie où le café, le jus, les croissants, les fruits se tiennent pour contenter l’équipe de production, qui d’ailleurs ont tous accepté de travailler bénévolement pour le projet.

Bénévole signifie d’habitude manque de moyen. Pas dans ce cas ci. Je ne sais pas comment, mais la directrice de production, Bérangère, a réussi à rassembler tout ce matos pour presque rien. Il devait y avoir pour au moins 500 000€ d’équipement de tout genre selon Hugues.

Un caméra HD (haute définition), un camion plein d’éclairage et de fils électriques, une grue de 15m pour la caméra, une plaque tournante pour mettre le « quad » dessus et le « quad » lui-même.

Le « quad ». Trop impressionnant. C’est un genre de VTT modifié de façon très futuriste, blanc et noir. De la façon qu’il était filmé en HD, c’était comme le clip « All is full of love » de Bjork. MALADE.

Mes sandwiches ont eu du succès. C’est bien.

J’ai rencontré un peu tout le monde, mais sans véritablement aller plus loin. Les électriciens et les machinistes travaillent entre eux. Les actrices parlent au producteur, au réalisateur, à leurs parents, à la costumière et au maquilleur. Le chef-opérateur est lié à ses assistants et au réalisateur. C’était donc difficile de les aborder. Je restais donc, avec plaisir, avec Hugues et Sébastien.

Une catastrophe est arrivée durant l’heure du déjeuner-dîner. Alors que la plupart de l’équipe était au restaurant en train de savourer du lapin (miamm), quelqu’un ou plusieurs personnes se sont introduits dans la cuisine du studio pour y voler à la hâte tout ce qu’il pouvait. L’ordinateur portable de la directrice de production et le iPod et le PSP de Sébastien ont disparu. Ils devaient être très pressés pour n’avoir volé que ça. Il restait un téléphone portable, une caméra vidéo (celle qu’on utilise à l’UQÀM) et le sac à main de Bérangère. D’après le propriétaire du studio, ça devait être des gamins de la cité d’à côté qui ont spotté le tournage. Ennuyeux. Très ennuyeux. L’ordi portable contenait sans doute plein d’informations importantes pour Bérangère alors que l’iPod contenait toute la vie musicale de Sébastien. Pour un musicien comme lui, c’est mortel.



SAMEDI

Le réveil a été très rough. L’oiseau de nuit que je suis n’est pas habitué à se lever tôt, surtout depuis mon arrivée à Paris. Et je ne dors pas avant 2h00 chaque nuit.

Encore beaucoup de plans très organiques du « quad ». Et l’apparition de Félina, l’héroïne du film, qui enfourche son véhicule. C’est dur le métier d’actrice. Là, Audrey qu’elle s’appelle a du resté dans des positions immobiles pendant 3 heures de temps. C’est long.

Moi, pendant ce temps, je filmais. Lewis, le réalisateur, m’a confié sa caméra (pas la caméra HD!!) pour filmer le back stage. Parfois, je refaisais du café et réalimentais la table de régie. Mes croques-monsieur ont fait fureur ce jour-là.

Il y a avait aussi l’autre actrice, Julie, dans le rôle de la méchante. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle est actrice, parce qu’elle est Parisienne ou parce qu’elle est les deux, mais bon yeu qu’elle était repoussante et désagréable. Que je sois là ou pas, ça ne la dérangeait pas. Je parlais dans le vide je crois. Et elle, elle faisait de la communication phatique comme me l’a appris Gaby Hsab dans un cours d’introduction aux théories de la communication. Elle me parlait parce que je lui parlais toujours d’un air légèrement désintéressé. Mais c’est peut-être moi qui n’est pas intéressant. C’est peut-être ça. Mais ça j’en reparlerai un autre jour.

Je me suis donc tourné vers la costumière avec qui j’ai eu de bonnes discussions sur la musique. Elle m’a dit qu’elle prêterait son CD d’Amon Tobin, sa musique préféré. Mais elle aussi, elle était quelque peu blasée. Ça ne court pas beaucoup les Françaises qui viennent te parler. Et lorsque tu vas leur parler, elles pensent souvent (et à tort!) qu’on les drague et si tu ne leur plaît pas tout de suite, alors c’est vain. J’ai eu la confirmation de plusieurs Français qui trouvent les Françaises très compliquées. Du coup, à la fin du tournage, la costumière est partie sans me saluer. Voilà.

Après le nettoyage du studio, je me suis retrouvé chez Hugues pour élaborer un plan pour mon devoir du lendemain. Parce que j’avais cours le dimanche. C’est un cours intensif sur la lumière sur 2 fins de semaines. J’avais déjà loupé un cours et demi sur trois, mais avec le devoir, je pourrai avoir mes crédits.

C’était bien sympa. Je me suis endormi chez lui, ivresse et fatigue obligeant. Et sans aucun doute, je retournerai « fouairer » chez lui. Chose faite.

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