10 mois. À Paris. Pour voir si Paris bat toujours la mesure. Et comment elle battra la mesure de mes émois. Pour voir quelle chanson s'envolera dans le ciel de Paris. Pour voir si Paris s'éveille à 5 heures. Pour voir si je saurai écrire sur Paris sans chansons.

Friday, October 21, 2005

Pause

Ma Milie est à Paris pour 12 jours.

Pause de 12 jours sur ce blogue. Vous comprenez?

Merci.

A plus.

Monday, October 17, 2005

Pas le temps.

A raconter:

- Mik et Maria (deux copines de Québec en échange à Toulouse) à Paris pour 2 jours!
- un dimanche à les pourchasser et les attendre sans jamais les voir
- la fête à Rosalie dans un resto
- les "Canadian Bar" à Paris
- mon refus à un cours un lundi matin pour manque de places dans la salle
- l'enregistrement d'une émission de télévision style Tout le monde en parle
- mon horaire de cours qui n'est toujours pas défini clairement
- ma routine qui se dessine bientôt

C'est la pire entrée de mon blogue, j'en conviens. C'est naz je le sais. (haha)
Vous me le pardonnerez.

Saturday, October 15, 2005

1 mois. Le premier cap.

Il y a un mois, je traînais encore dans les rues de Montréal avec Benito, Lau et Milie.
Il y a un mois, on s'était tous rassemblé au deuxième étage du Brutopia. Précieux le moment.
Il y a un mois, j'étais à l'aéroport avec pleins d'idées sur Paris. Je l'ai beaucoup idéalisée cette ville Lumière. Je pourrais en être déçu, mais il n'en est rien.

Si j'étais touriste et que j'avais été un mois à Paris, c'est sûr que mon récit de voyage serait décevant. Aucun musée encore, la tour Eiffel la troisième semaine seulement, une vingtaine de films vue, le tiers du temps passé à Vauréal, etc.

Mais je ne suis pas touriste et il me reste sur papier encore 9 mois ici.

Les choses vont se placer avec le temps.

*

Mikaëlle et Maria (deux copines de Québec en échange à Toulouse) arrive aujourd'hui à Paris... pour 2 jours! Je vais jouer aux touristes avec elles. Ce sera rigolo.

C'est la fête à Rosalie ce soir. Rosalie, cette amitié inconditionnelle, lointaine et bourrée de hasards. Après le primaire, le cégep et Halifax, on se retrouve encore sans le savoir à Paris. Et elle fête ses 22 ans à Paris! Cool non?

Wednesday, October 12, 2005

à l'université

C’est terrible le chaos qui règne ici à l’Université.

Bordel que c’est mal foutu.

Je devais assister au cours « Histoire de l’expressionnisme européen » (cours d’histoire de l’art du département d’arts plasiques) à 9h00. Finalement, je n’ai jamais pu assister au cours à cause de conflit d’horaire et de salle de cours. Ça arrive souvent ici.


Évidemment à 9h30, le prof n’est toujours pas là. Des rumeurs nous disent que le cours est décalé à 12h00 sur le nouvel horaire. À 12h00, je me présente à la salle et c’est un autre cours qui se donne. Je repars revoir l’horaire affiché sur le babillard et constate qu’on a aussi changé de local. Mais au nouveau local, c’est un autre cours. C’est alors qu’une fille d’arts plastiques m’apprend que le prof est venu en avant-midi! Où? Elle ne sait trop. Elle est autant consternée par le manque de communication qui règne ici.

Bordel que c’est mal foutu.

Aujourd’hui, j’ai été soulagé de savoir que j’étais sûrement le plus renseigné des étudiants étrangers.


On leur a appris à cette réunion que les cours ont déjà débuté depuis la veille. Eux, ils ont été informés par le Bureau des Relations Internationales d’attendre à la réunion d’aujourd’hui avant de faire quelque chose. La plupart n’ont aucune idée des démarches à entreprendre pour suivre un cours. En effet, il faut le savoir.

Ici, pendant les 2 ou 3 premières semaines, tu te rends aux cours qui t’intéressent. Pour ce faire, tu te bats devant le seul horaire disponible Tu demandes au prof à la deuxième ou troisième semaine le code du cours pour pouvoir t’inscrire

Il y avait une réunion organisée pour les gens en échange.

Évidemment, il fallait être allé au Bureau des Relations Internationales la veille pour le savoir. Or, je n’y avais pas été parce que j’avais pas besoin d’aller là. C’est par hasard que je suis tombé sur une feuille qui traînait et qui annonçait cette réunion. Mais sur la feuille, pas de local. C’est en entendant de l’espagnol émaner d’un groupe que je me suis retrouvé.

Bordel que c’est mal foutu.

Une trentaine d’étudiants, en majorité des Italiens et des Espagnols, étaient là. On leur apprenait que certains d’entre eux ne pourraient pas suivre des cours pratiques étant donné que leur université d’origine n’avait pas conclu d’accord avec Paris 8. Chanceux, hein! 6 cours théoriques par session! Et eux qui pensaient venir faire un peu de pratique ici… ils étaient mal renseignés…


Bordel que c’est mal foutu.

Au moins, je sais maintenant que je peux prendre n'importe quel cours. Chouette.

Boire et déboires d'un samedi soir.

Histoire du Samedi 8 octobre


J’essaierai désormais de faire deux versions de mes entrées au blogue. Il y aura ainsi une version courte et une version longue. Je sais, j’écris beaucoup. Mais ça m’étonne de moi-même parce qu’écrire m’est très difficile et me prend beaucoup de temps. Et ça doit être comme ça pour vous aussi. Me lire vous est très difficile et vous prend beaucoup de temps.

Alors tout ce qui sera en gras fera partie de la version abrégé et le reste, et bien, ce sera les commentaires et détails.

Revenons sur ma fin de semaine.

TITRE:


J’aime Paris, je déteste Paris.
Ou
Les 400 coups de minuit
Ou
Boire et déboires
Ou
Le spectre de la tour Montparnasse


Samedi soir s’annonçait comme une scène de film un peu facile et simpliste mais combien agréable… Tour Eiffel illuminée, copains et copines « fouairant » dans le gazon, vin et chips (!) et saucisson, guitare… Bref, c’était formidable!



Vers minuit et demi, nous nous sommes séparés et j’ai décidé de rentrer à pied. La nuit est belle et ça ne me prendra que 45 minutes.


La plupart ne voulait pas rater le dernier métro pour aller dans un club. J’avais une guitare à traîner et la nuit était vraiment belle. Je devais marcher et prendre des photos sur trépied. Je suis resté quelque peu de temps encore à la Tour et j’avais une soudaine envie de cigarette. J’ai donc téléphoné chez Rosalie pour que son bel Anglais m’en file une. Mais surtout, je pourrais laisser ma guitare chez elle. Dit comme ça, j’ai l’air un peu profiteur et un peu mal élevé… mais Rosalie m’avait déjà offert d’aller déposer ma guitare chez elle et j’avais refusé. J’ai juste changé d’idée.

C’est en sortant de l’appart de Rosalie que tout a basculé vers le mélo-pathético-dramatique. J’avais oublié ma carte de Paris dans mon étui à guitare laissé chez Rosalie. C’est plus tard que je m’en suis rendu compte. C’est toujours plus tard qu’on se rend compte de ces choses-là.

Je prends dès le départ la mauvaise direction.


Si je vous dis que 3 bouteilles de vin ont passé dans mon gosier depuis le début de la journée, vous simplifieriez rapidement les choses. Mais j’étais très lucide et l’ivresse n’était qu’au tiers au rendez-vous.

J’arrive à la Tour Montparnasse. Ça va, je me suis trompé, mais de là je sais où je suis. Pour être sûr, je demande à un passant qui m’indique la direction et me souhaite bon voyage.
Quelque 15 minutes plus tard, j’aperçois à nouveau la Tour Montparnasse.

Je me réoriente et demande une seconde fois à quelqu’un de m’indiquer le chemin. Les métro sont fermés depuis au moins une heure et je ne veux pas prendre le taxi, ça me coûterait facilement 20-25€.



Pathétique. Je réaperçois la tour. Je la hais. Vous pouvez en rire, moi, j’en ai à pleurer.

Je marche, je marche, je marche. Plus tard, je marche encore, mais avec une chaise en osier ramassée dans les détours d’un café.



Elle traînait là à côté d’un café. Le serveur a sûrement oublié de la rentrer. Je lui ai donc épargné un mauvais quart-d’heure le lendemain avec son patron. Celui-ci l’aurait sans aucun doute sermonné d’avoir laissé une chaise traîner dehors. Prenez ça comme une BA de ma part ou un simple emprunt. Vilain Paul.

Je la traînerai durant les 3 heures restantes que durera mon égarement sur Paris. 3 heures à marcher sans cesse avec un poids supplémentaire.

Je suis complètement déshydraté, j’ai terriblement soif et mon système digestif est en proie de crampes. Vilain Paul qui boit avec excès. L’alcool t’alourdit sûrement un peu les émotions à fleur de peau, mais au moins, elle t’enlève cette gêne que tu pourrais avoir à transporter une chaise sur ton épaule aux heures matinales. Et tu la veux cette chaise dans ton appart.

Je n’arrivais pas à atteindre la Seine, mais je me suis retrouvé dans le coin du Jardin du Luxembourg. De là, je savais où aller.

Soulagé, je profite d’une pause pour appeler Benoît à Montréal et par chance il était là et par deuxième chance Laurence aussi était là. Ils vont bien, alors je vais bien.

Je ne comprenais plus. Après d’autres longues minutes, je n’arrivais toujours pas à atteindre la Seine. Plus tard, j’ai abouti dans le 13e arrondissement, c’est-à-dire à n’importe où mais pas à la bonne place. Je m’arrête. Je suis complètement découragé. Mais je ne peux pas payer le taxi.

Finalement, j’atteins la Seine. Mais beaucoup trop à l’ouest. De là, j’en ai pour 1 heure de marche. Mais mes jambes ne suivent plus. Mais ma chaise est trop lourde.

Je continue quand même à marcher parce que le mécanisme est là. M’arrêter me fait mal. Marcher aussi, mais beaucoup moins.

Dans 45 minutes, les métros ouvrent, Paul. Attends. J’attends donc tristement sur ma chaise à l’entrée du métro.

Toute cette marche parce que je me suis toujours pas habitué aux rues de Paris. Elles ne sont pas droites, elles courbent un peu, mais juste assez pour te désorienter. Et il y a ces carrefours où tu choisis toujours la mauvaise rue sur 3 qui te sont offertes.

« Après le téléphone portable et l’ordinateur portable, voici la chaise portable. » de dire les gens. Mais je n’ai pas la tête à ça. Tout ce que je veux c’est de pleurer dans mon lit pour oublier ça.




***

Les grandes lignes de mon autre mésaventure

Il est près de 7h lorsque je me couche. Je me réveille à 10h pour aller voir ma famille à Vauréal et pour me faire couper les cheveux par ma cousine.

J’ai maintenant une coupe de cheveux « décalée ». Ma coupe était trop classique. J’ai laissé faire ma cousine. De toute façon, j’étais myope lorsqu’elle me les a coupés. Je n’aime pas trop, ce n’est pas moi. Mais mes cousins et cousines aiment.

Je reprends le train pour Paris, mais sans payer.


Le train partait dans 2 minutes quand je suis arrivé à la gare avec ma tante. Et on ne trouvait pas de billetterie à l’entrée où nous étions. Alors ma tante a glissé sa puce (un peu comme les cartes CAM aux tourniquets des métros de Montréal) et j’ai pu entrer dans la gare pour prendre le RER (le métro interurbain de Paris). Une fois dans le train, j’entend ma petite cousine m’appeler d’en haut. Elle veut sans doute juste me saluer une dernière fois. Plus tard, j’apprendrai qu’ils avaient déniché une billetterie et que si j’avais voulu (j’aurais en effet voulu), j’aurais pu me procurer un billet pour être sûr de ne pas me faire contrôler.

Mais bon. Je n’avais pas de billet et pendant tout le trajet, aucun contrôleur n’est venu.

Cependant, cependant, cependant. Une fois rendu à Paris, je me fais contrôler. Merdre. Je ne peux user de l’argument du québécois qui prend le métro pour la première fois, parce que ça ne tiendrait pas debout.

45€ à payer sur-le-champ. Pas de de liquide? Pas grave, les contrôleurs disposent d’Interac sans fil. C’est bien la technologie.


***

Oh, pendant que j’y pense, j’ai envoyé une première « batch » de cartes postales. Si vous n’en recevez pas d’ici une semaine, ne pleurez-pas. J’en enverrai d’autres. Et d’autres. Je ne vous oublie pas.

Monday, October 10, 2005

Merdre.

J'ai beaucoup de choses à vous raconter à propos de ma fin de semaine, une fin de semaine à oublier. J'en ai presque braillé.
Je n'ai pas eu le temps de prendre du recul pour bien y voir clair, alors je vous reviendrai là dessus demain.
Petit aperçu:
1. être carrément perdu dans Paris sans carte de 1h30 à 5h30 du matin
2. dormir 3 heures
3. se faire couper les cheveux
4. pogner une amende de 45€ dans le métro

Et s'ajoute à ça:
5. être dans une université où tout est cahotique voire merdique
6. écrire à partir d'un ordinateur qui prend 5 minutes pour "loader" Internet Explorer et 2 minutes pour envoyer un e-mail.
7. être très incertain à propos des équivalences de cours

Mais tout ira bien.

Friday, October 07, 2005

La belle Parisienne.

On a beau dire ce qu’on voudra d’elle, qu’elle n’est pas si jolie que ça, qu’on la connaît trop, n’empêche qu’hier j’ai été émerveillé par elle.

Hier je l’ai vue pour la première fois. Et contrairement à ce que je m’attendais, elle portait sur elle une robe de soirée qu’elle n’avait pas l’habitude de porter. Une robe scintillante de milliers de diamants. Elle était resplendissante, impressionnante, élégante, bouleversante, ajoutez-en… il n’y aurait pas assez de superlatifs pour la décrire, elle, reine de cette nuit.

Je l’avais vu de jour et je n’avais pas été tant enthousiasmé. Un architecte a déjà dit que rien n’était moins sexy qu’une femme complètement nue. Il n’a pas tout à fait tort. Hier en la revêtant, elle est devenue soudainement séduisante avec sa robe qui se dressait sur elle comme un tapis d’étoiles filantes dans le ciel. Hier, elle a illuminé mes yeux et enchanté mon cœur.

Hier j’ai vu la tour Eiffel la nuit. Ha ha!


Mais ce n’est pas la tour Eiffel qu’on voit sur les cartes postales avec un éclairage uniforme. Hier, la tour Eiffel, grâce à un éclairage fait de milliers de points de lumière, ressemblait vraiment à une Parisienne qui se pavane fièrement au beau milieu de la nuit. Je délirais un peu hier en la voyant si belle. Par chance, il n’y avait pas beaucoup de monde autour de moi dans les jardins du Louvre. Ça ne vous arrive jamais de perdre la boule pour quelque chose? Moi, si. Et c’est tellement agréable d’être heureux comme ça. Je chantais des airs d’opéra avec des paroles d’Alain Souchon, je souriais bêtement, je gambadais timidement, je riais comme un enfant qui rit sans véritable raison.

*

Les "Bains-Douches". Paraîtrait qu’à chaque jeudi, les étudiants étrangers se rassemblent dans ce bar. Les filles (Rosalie et Florence) s’étaient mises très belles pour l’occasion. Nous nous sommes rejoints chez Maggy comme l’autre fois et j’y ai rencontré de nouvelles personnes. Deux autres filles à la fac de droit de Montréal et deux Américaines venues apprendre le français à Paris. On arrive à l’adresse indiqué et tout ce qu’on trouve c’est un bar fermé. Cette histoire de party d’étrangers n’était peut-être qu’une rumeur.

Nous nous sommes donc retrouvés dans un kind-of-irish-pub au beau milieu d’une meute de gars affamés. J’apprendrai plus tard qu’on était dans un party d’étudiants en génie. Vous voyez la scène. 7 filles (et un gars... moi! mais à cet instant je n’existais plus, les yeux étant tous rivés sur elles) qui entrent dans cet arène de mâles prêts à tout pour séduire.

J’ai donc pu observer les manières de faire des Français. Malheureusement pour eux, les filles n’étaient pas du tout intéressées à leurs avances.


Alors, pour séduire comme un Français, il faut nécessairement effleurer l’épaule, les bras et les cheveux de la fille avec nos doigts. Il faut les regarder dans les yeux et être sûr de soi. Ne pas montrer de faiblesse.
J’avais déjà entendu une Française raconter les techniques de « crousage » d’un Québécois. Soit il danse à côté de la fille pendant dix minutes et qu’elle ne s’en aperçoive pas vraiment ou soit il surprend la fille par derrière et lui écorche les cuisses avec ses ongles!!! D’une manière ou d’une autre, la fille qui se fait draguer par un Québécois n’a pas de premier contact visuel avec le séducteur.

Ici, ça se passe avec les yeux. Des yeux très raccoleurs qui te disent: "Vous êtes magnifiquement belle, jeune femme" avec une touche de "Avoue que je suis irrésiblement séduisant..." Bof.. Ça ne change pas vraiment d'un pays à l'autre. Ni meilleur ni pire qu'ailleurs je crois.

Il y a une des Américaines qui a été séduite par un Parisien. Sauf que celui-ci n'a pas eu besoin de sortir ses grands atours. Il parlait simplement bien anglais sans cet accent horrible qu'ont les Français quand ils parlent anglais.

Wednesday, October 05, 2005

Yé, j'ai des commentaires!

Il y a deux personnes extraordinaires (!!) qui ont découvert la fonction COMMENTS... ça donne une certaine interraction au blogue et c'est vraiment agréable. Abusez-en! Réagissez! Discutez entre vous! Faites-vous de nouveaux amis!

*

J'ai ajouté des photos à l'entrée "Sans titre".

Électricité!

Finalement, finalement. J’ai l’électricité dans mon 7m2!! Mon mini-frigo fonctionne! Je vais finalement pouvoir emmagasiner du fromage qui pue le crisse et plein de pâté d’entrailles pour commencer un jeu… Celui de voir combien de temps je pourrai tenir à manger seulement du fromage, du pâté et de la baguette! Budget oblige! Haha!

*

Je suis allé à l’université hier (mardi) pour une rencontre préparatoire. Parfois, on dit qu’à l’UQÀM, c’est broche-à-foin, mais on peut se dire chanceux d’être autant encadré. Ici, c’est… différent.

Si je n’étais pas allé sur le site internet de la faculté de cinéma, je n’aurais jamais su qu’il y avait une réunion. Je ne sais même pas comment les autres l’ont su. Pimporte.

Je me suis rendu à l’amphithéâtre Y, une grosse demi-boîte de conserve découpée en éventail, avec dix enveloppes pré-affranchies à 0,75€ chacune et pré adressées, l’université ne disposant pas de budget pour envoyer à leurs étudiants les documents importants en cours de session.

D’ailleurs, il ne semble pas avoir beaucoup de budget ici pour tout et pour rien. Les murs sont fissurés et sales. Les toilettes sont publiques, dans le sens que c’est au public de les entretenir. Mauvaise blague, mais c’est presque. À l’Uqàm, les employés d’entretien sont partout. Ici, je n’en ai pas croisé un seul. Les grands espaces publics sont vides et délabrés. Les portes ne se ferment pas tout le temps. Tout a l’air désuet. Et l’ambiance y est morne à mourir, mais c’est peut-être parce que la rentrée n’est que dans une semaine. C’est pour ça que c’était si désert. Ou bien à cause de la grève. Ha! Voilà peut-être!

La Réunion. À première vue, la plupart des gens semblaient de mon âge et voire plus vieux. Lorsqu’on a rempli nos fiches personnelles destinées au secrétariat de la faculté (on en a tous déjà rempli une identique au registrariat de l’université), j’ai été étonné de l’âge de mes futurs comparses d’études. 1987. 1987 comme dans j’ai 18 ans!!! Je vais étudier avec des gens qui viennent à peine d’avoir leur majorité! Ça change quelque chose? Pas vraiment. En fait, pas du tout. Je vais tout de même croiser des deuxièmes et des troisièmes années étant donné que je peux prendre les cours que je veux dans le bac.

Qu’ils aient 18 ou 24 ans (au premier coup d’œil, les plus âgés viennent d’Erasmus), j’ai bien hâte de faire leur connaissance. Mais quand? Pendant les cours? Hum… Il ne semble pas avoir d’activité d’intégration… Je trouverai sûrement un moyen de sortir ma guitare un jour et les faire chanter Awikachitaen!!!

*

Il a fallu qu’on paie 1€ pour avoir la brochure d’information sur le programme de cinéma avec tous les cours et leurs descriptifs. Je ne l’avais pas ce 1€ alors j’ai séché. C’est pas grave, il y a une version internet sur le site de la fac. Mais ça, personne ne nous l’a dit.

Pour les horaires des cours, même chose. On ne nous dit pas qu’on peut le retrouver sur le site Internet. Alors qu’est-ce la plupart du monde ont fait? Ils se sont installés devant le babillard où était affiché l’horaire et ils ont retranscrit. Après 5 minutes, je n’avais réussi qu’à retranscrire le lundi avant-midi. J’ai abandonné avec l’espoir que ce putain d’horaire serait sur le net. En effet. Je me suis ainsi épargner une demi-heure de retranscription!

*

L’heure de pointe dans les métros à Paris, c’est le bordel. Alors imaginez quand il y a grève et que le service est réduit à un métro sur trois… tassés comme des sardines vous dites? Et au diable la courtoisie tant réputée des Français… Eux qui ont l’habitude d’être extrêmement polis – ils ont beaux être chiants, mais ils nous ouvrent toujours la porte avec un sourire, emploient toujours le Monsieur, Madame – mais là c’était free for all. Le train est bondé, c’est pas grave! L’être humain a la surprenante capacité à se compresser, alors compressons!

*

Demain, je m'installe pour de bon dans mon 7m2! Je suis venu ramassé quelques trucs chez ma tante. Elle est trop gentille. Je n'avais demandé que des draps et des assiettes et me voilà avec un four à convection, deux chaises, un matelas (celui à l'appart est un matelas japonais, c'est-à-dire un semblant de tatami d'un centimètre d'épaisseur), des pâtes, des conserves, du jus. Et elle en aurait ajouté si je ne l'avais pas supplié d'arrêter... Et c'est son frère qui va me donner un lift jusqu'à chez nous. Wow! je n'aurai pas de métro à prendre avec tout ça, chose que je voulais faire au déut pour ne pas les embêter...

Monday, October 03, 2005

Sans titre


Sacré-Coeur vu du petit parc de la Turlure
Encore Sacré-Coeur

Le Moulin du Radet

Statue de Marcel Carné, écrivain

« Le plus difficile dans l’acte d’écrire, c’est de s’asseoir. » Je crois que c’est Marguerite Duras qui disait ça. Ça s’applique autant pour le dessin.

Le soleil me donnait une raison pour me réveiller ce matin. Et surtout pour sortir marcher. Sinon, je me serai encore loué un autre film. À première vue, je me trouvais con de voir autant de films au lieu de marcher et visiter Paris. À la cinquième vue, je me suis réconforté en me disant que j’allais étudier le cinéma et la meilleure façon de l’étudier, c’est de regarder des films.

Et Paris, j’ai toute l’année pour la visiter. Peu à peu, comme un casse-tête de 1000 pièces qu’on forme tranquillement, patiemment, quotidiennement.

J’allais dans Montmartre pour la première fois avec la ferme intention de dessiner. Inévitablement, tout était magnifique et le temps des hésitations entre les sujets de mes dessins, mon carnet à croquis restait blanc. À défaut de m’asseoir et dessiner, j’ai marché et visité. Ça m’a fait drôlement du bien. Je me suis souvent retrouvé dans des églises et suis resté béat une bonne demi-heure dans chacune d’elles. Je me sens terriblement bien dans les églises. Et c’est incroyable de réaliser que c’est la foi qui a construit tout ça. J’écrirai là-dessus un de ces jours.

***

Il y a le Cinéma des Cinéastes à côté de chez nous. Ç’avait l’air un peu pompeux comme nom, mais plus c’est pompeux, plus j’adore.
On y présentait hier (dimanche) des films-documentaires sur Paris toute la journée. J’ai loupé la grande partie de la programmation, mais au moins j’ai pu me consoler avec la projection de 21h. Ça m’a donné une belle idée pour un film-souvenir sur Paris. Reste à me trouver un rechargeur pour la batterie de ma caméra vidéo que j’ai perdu avant de venir à Paris tout comme j’ai perdu mon lecteur mp3 avant de venir ici. Reste aussi à trouver la volonté de filmer sur le toit de mon bloc appartement… hum… J’aime bien grimper, mais sans l’attention de l’ami Benoît, c’est un peu risqué… Qui vote pour que j’abandonne l’idée de ce film? MOI!

***

2046 : le film aux mille désirs
Ce sont des tableaux sublimes par la lumière scintillante, par la composition visuellement parfaite, par la volupté des ralentis, par la beauté des femmes, par la musique langoureuse qui s’y dégage… je ne continuerai pas davantage. On a déjà encensé ce film mille fois. à voir. De Wong Kar-Wai

Nuit blanche sur Paris

Samedi

Jamais je n’ai eu des craintes de ce genre. Me faire attaquer aux petites heures dans des rues encore inconnues de Paris. Il était 5h30 et le petit groupe avait décidé que la soirée tirait à sa fin avec l’ouverture du métro.

J’avais marché toute la journée et n’avait utilisé qu’un seul billet de métro. J’aime marcher et ne pas utiliser plus qu’un seul billet de métro par jour.
Je voulais marcher et utiliser mes derniers billets de métro pour aller à l’école.

C’est avec réticence que Magy, une Québécoise qui connaît tout sur Paris, m’a indiqué le nord. Dans ma tête, je reculais moi aussi face à cette idée que je pouvais me retrouver face à un violeur d’yeux bridés dans la nuit. J’ai le cul immaculé et j’espère le garder ainsi.

J’ai donc décidé de prendre le premier métro avec quelques personnes. En marchant vers la Gare de St-Lazare, l’idée d’épargner ces remplaçables et derniers billets de métro de 1€ me collait obstinément à la peau. Finalement, rendu à la Place de l’Opéra, j’ai prétexté aux gens que je prendrai ce métro plutôt que le leur. Mentir pour ne pas les inquiéter.

J’ai vraiment eu peur. Une quinzaine de minutes me séparait de chez nous. Quinze longues minutes à songer à toutes ces fables urbaines où un petit bonhomme asiatique se faisait dépecer tout entier et clouer sur un mur. Mais je continuais tout de même à braver la rue, tuque à la tête pour contrer la froideur automnale, carte à la main pour avoir l’air encore plus perdu et vulnérable, envie à la vessie pour ajouter au stress, désordre dans l’estomac pour rappeler une soirée décevante, clés aux jointures pour affronter les fantômes de la nuit. Évidemment, je n’ai croisé personne à la dent longue, seulement des groupes de gens bien saouls et bien inoffensifs. N’empêche que l’inconnu fait peur quand même. Paris n’est pas mon Montréal. Je ne me suis pas encore approprié les rues, les lampadaires, la nuit, la confiance de Paris. Ça viendra.


**

La nuit blanche s’annonçait trippante. J’espérais vivre ce que des amis de Montréal ont vécu pendant l’édition montréalaise 2005. Une nuit de folie où tout était permis.

Ça débuté par un souper chez Rosalie où j’ai cuisiné au hasard un rudimentaire couscous poulet-tomates. Vachement bon et réussi, ce qui me permet de revenir à leur appartement pour cuisiner. Elle et sa coloc n’aiment pas cuisiner.

Vers 22h00, on va rejoindre dans un magnifique appartement du 1er arrondissement Magy, une de leur copine de la fac de droit à l’udm elle-aussi en échange. D’ailleurs, je me retrouverai en fin de soirée dans ce luxueux appart-à-papa entouré de 7 personnes en fac de droit.

Nous sortons, Rosalie, Florence, Van Anh, Magy et moi, affronter la nuit blanche. Nous nous étions fixés comme objectif de nous rendre jusqu’à Sacré-Cœur pour voir la basilique illuminée de couleurs-Palais-des-Congrès-de-Montréal et surtout, parce que je voulais entendre le pianiste de Jazz Gonzalès attaquer les notes de l’orgue de l’église St-Jean-de-Montmartre. Une heure de marche à prévoir.

On s’est retrouvé au musée Georges-Pompidou où on a croisé plein, plein de Québécois. Tous en droit. Dont un gars que j’avais rencontré à l’OFQJ. Il a fallu une bonne demi-heure avant de décider le plan de la nuit. Finalement, on a opté en majorité pour du McDo et du vin chez Magy. Je croyais que ce n’était qu’une pause avant de reprendre la route. Mais non. Nous avons passé le reste de la nuit à parler autour d’une table et à manger du McDo. Je n’ai jamais vraiment embarqué dans leurs discussions. Je croyais à tout instant que nous allions repartir et profiter de cette nuit. Mais non. Voilà la déception. Une nuit blanche dans un appart alors que un million de Parisiens dansaient et trippaient dehors.


**
Au ralenti.


Ça s’est passé comme dans les films. Enfin, quand j’y repense, ça s’est passé comme ça. Trente seconde avant d’entrer dans l’appartement de Magy au sixième étage d’un escalier en colimaçon, je me suis mis à gesticuler ardemment avec ma caméra numérique à la main pour raconter je-ne-sais-trop quelle niaiserie. Maladroit comme je suis, j’ai lâché la caméra de la main. Magnifique vol plané. Au ralenti. Et dans ma tête, les supplications à Dieu, litanies à la Vierge et prières au Frère André se multipliaient comme les gouttes de sueur sur ma peau. Faites, Dieu, Marie et André, que la caméra ne plonge pas dans le trou et s’écrase 6 étages plus bas… 1 étage a suffi. La parabole décrite par la caméra s’est terminée sur le cellulaire que Rosalie tenait à la main un étage plus bas. Les deux appareils ont atterri sans dommage à ses pieds, à quelques centimètres du vide, laissant derrière eux un cri de frayeur de la part de Rosalie. C’est drôle quand j’y repense. C’est toujours drôle ces choses-là.

Saturday, October 01, 2005

Vendredi soir à Paris.

Seul. Mais combien bien. Un vendredi soir à Paris. Sur Paris.

Je pensais aller au cinéma pour passer le temps. La pluie prescrit toujours le cinéma. Il y en a un à 5 minutes de chez nous. Il y a aussi un club vidéo à côté du cinéma. Je me suis donc loué deux films, j’avais de la bouffe, des chips et du vin à 2 €. Et j’ai réussi à me dénicher une prise électrique, avec l’aide du concierge, pour regarder mes films sur mon portable. L'électricien étant venu couper l'électricité le jour même où j'ai décidé de m'installer pour quelques jours... Mauvaise coïncidence...

La magnificence de « La marche de l’empereur » m’a carrément ému. Je serais resté bouche-bée tout le film si ce n’était que de cette touche –inutile- d’anthropomorphisme. Les images parlent d’elles-même. Et il y a cette musique inégale d’Émilie Simon avec ces mélodies tantôt justes, tantôt électro-xylophono-sirupo-ringardes. J’ai beaucoup aimé les « special features » qui nous montre tout ce qu’il faut, humainement et matériellement, pour faire un film de cette ampleur. Un an dans l’Antarctique. J’aimerais bien moi aussi partir étudier des animaux. Ce sera mon projet.

Après attendu vainement la finale décevante de Ocean’s Twelve, je me suis mis à vouloir lire. Mais sans lumière, que dalle! Je vais acheter des chandelles aujourd’hui. Comme ça, je pourrais terminer « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » de Anna Gavalda et entreprendre le pesant « Notre-Dame-de-Paris ».

Et après, je vais me mettre à la BD. J’ai rencontré à Bordeaux un mordu de BD. Dargaud, Trondhim, Clowes, Ware qu’il m’a conseillé. En as-tu lu, Benito?


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Notes en bas de page

Il faut bien une Parisienne pour réinventer la mode. La mode ou la perception des choses. Jour de pluie, bottes de pluie en caoutchouc. Les mêmes bottes que portent les éboueurs, les poissonniers, les marins. Et sur un Parisienne, mon dieu que c’est émouvant.

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J’ai pris ma douche pour la première fois dans mon spacieux 7m2. Je l’ai prise parce que je me suis rendu compte la veille qu’il y avait encore de l’eau chaude. Même sans électricité pour alimenter le réservoir d’eau chaude. Il faut qu’on m’explique. (Et s'il n'y avait pas eu d'eau chaude, attendrais-je jusqu'à mercredi pour en prendre?!?! Ïouuuuu...) J’aimerais que vous soyiez là pour tous l’essayer cette douche où on doit s’accroupir en position fœtale tellement l’espace est restreint. Mais c’est ingénieux. Un espèce de tonneau. Le panneau-couvercle se rétracte pour devenir un porte-pommeau de douche et un rideau de douche apparaît. Et on prend notre douche avec une superbe vue de toits et cheminées.

Biscarosse

28 septembre.

Chère Ama,

Vous ne me connaissez pas, pas plus que moi, je ne vous connais. Néanmoins, il y a cette maison de Biscarrosse. Une maison où le temps de quelques jours j’ai pu rire et sourire. Tantôt à trente-cinq, tantôt à quatre. Je vous remercie d’avoir permis tous ces instants où j’ai pu sentir ce que c’était d’être bien, tout simplement bien. Mon amie dirait que ces moments sont des capsules de bonheur.


Et puis il y a votre petit-fils Mathieu. Je suis de nature trop réservé et maladroit pour le lui dire. Quel bonheur d’avoir rencontré un véritable gentleman comme lui. Tant d’allégresse et joie de vivre à propager d’un seul sourire. C’est sans doute de famille.

Merci encore,

Paul, l’ami de Marie, l’amie de Maida, la « blonde » de votre Mathieu.



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À la mer,

Je te croyais poétique. Je me suis donc installé sur ton sable et attendu l’inspiration. Tu es porteuse d’inspiration, non? Les Trenet, Baudelaire, Cantat, Montand, Brel, Prévert ont tous un jour écrit sur toi, pour toi, grâce à toi. Même Roch Voisine t’en doit une. Alors pourquoi ne m’aiderais-tu pas moi aussi? Je veux être grand, moi aussi.

J’ai donc entendu ta voix légèrement fausse qui me demandait de m’enfoncer dans les vagues. On dit que l’horizon infini de l’océan possède un magnétisme puissant. C'est vrai. Paul, tu es grand. Tu peux t’enfoncer plus loin. La mer te dictera finalement de superbes métaphores. Me noyer? Jamais. Ça n’arrive qu’aux surfeurs.

La première grosse vague m’a ramassé. Et ce fut suffisant pour me convaincre d’arrêter ces fabulations à propos de la mer. Un arrière-goût désagréable de sel, un verre de contact déplacé dans l’œil et une petite frayeur au lieu de l’hymne à la mer que je croyais.

Tu ne m’es d’aucune aide. C’est peut-être juste moi qui ne suis pas tout simplement pas capable de maîtriser la plume. C’est peut-être ça. Après tout, je mâchouille les mêmes métaphores que d’autres adolescents ont déjà repris. Mais l’important, c’est de ne pas en avoir honte. Je continuerai.


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Mornitude.

Il pleut à Paris aujourd'hui. Enfin, pas vraiment. C'est une pluie fine et intermitente. Le genre de pluie qui est agréablement romantique lorsqu'on est deux. Comme dans les vieux films français en noir et blanc. Autour de moi, il y a plein de couple qui se laissent prendre au jeu. Après tout, je suis à Paris. Tout est toujours romantique dans ma tête.
Mais je suis seul et je ne cesse de penser à toi.
Et il n'y a pas d'électricité chez nous. Pas avant mercredi. Mon portable ne peut donc pas fonctionner et mes textes sur Biscarrosse restent enfermés sur le disque.
Et ce soir, j'espère ne pas me retrouver seul. Paris a beau être Paris, comme Montréal a beau être Montréal, être seul et ne connaître pas grand monde, c'est sacramment ennuyeux et ennuyant.
Fin de la mornitude.
Demain, c'est la nuit blanche de Paris. Ca risque d'être très beau.